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  • Photo du rédacteurThe Writing Lover

"Stockholm, Pennsylvania" - Critique

Dernière mise à jour : 16 juin 2018

« C’est comme ça que les gens aiment ? Ils ont une pièce pour que l’on vive dedans puis ils la verrouillent ? Combien de pièces a t-on dans la vie ? Suis-je chanceuse ou non ? »


Un retour à la réalité après dix-sept ans d’emprisonnement dans une cave. Pour qui est-ce le plus difficile ? Les parents privés de leur fille pendant tant d’années ou bien la victime ? "Stockholm, Pennsylvania", est un film de 2015 basé sur une pièce de théâtre du même nom. Adapté et écrit par Nikole Beckwith, le film se concentre sur l’expérience fascinante et intrigante d’une jeune femme éprouvant un sentiment positif et puissant envers son ravisseur.


Si l’histoire de "Stockholm, Pennsylvania" est plutôt simple, c’est justement ce qui fait son réalisme. Leanne, renommée Leia à l’âge de quatre ans par son kidnappeur est enfin réunie avec ses deux parents qu’elle voit comme deux étrangers. Elle découvre un monde qui lui apparaît tel un univers d’aliens. Elle voit en son ravisseur, - qu’elle s’accroche à nommer par son prénom - un père qui l’a élevé pendant toute son enfance et son adolescence. Souffrant du syndrome de Stockholm, Leia ne parvient pas à s’adapter à sa nouvelle vie où ses parents voudraient qu’elle soit la personne dont ils ont gardé une image bien trop précise pendant toutes ces années. La situation devient instable au fur et à mesure que Marcy - sa mère - s’accroche coûte que coûte à créer un lien maternel inexistant, allant jusqu’à emprisonner sa fille pour y parvenir. Mais un endroit dont vous ne vous souvenez pas pourrait-il être chez vous ? Non.

En accordant le rôle principal à la jeune actrice Saoirse Ronan, Nikole Beckwith a fait un excellent choix. Déjà connu pour "Hannah", "The Lovely Bones" ou encore "How I love Now", cette jeune femme à la fois de nationalité irlandaise et américaine offre un jeu saisissant. Le personnage qu’elle interprète est insensible face aux retrouvailles pourtant touchantes. Perdue et peu à peu en colère contre ce qui est censé être ses points de repère dans sa vie, Leia s’enferme dans cette adoration pour Ben. Saoirse Ronan a su donner à son personnage ce détachement nécessaire qui bouleverse le spectateur. Si Jason Isaacs se fait un peu plus discret à l’écran, son personnage s’avère être l’élément déclencheur du syndrome dont souffre Leia. Il apparaît le plus souvent dans des flashbacks qui le montre sous les traits d’un homme pourtant aimant, mais constamment enfermé dans le mensonge. Isaacs apprivoise le personnage à sa manière en lui donnant une âme touchante qui nous fait culpabiliser en raison de la séquestration qu’il a commise. Dans le rôle de la mère de Leia, Cynthia Nixon nous marque par sa profonde et sincère détermination à avoir de nouveau une vie normale, espérant que sa fille puisse l’aimer en retour. C’est sans doute le personnage qui nous fait le plus réfléchir, car sa volonté maladive de nouer un lien parental avec Leia devient malsain. La folie dont Marcy (Cynthia Nixon) fait preuve, entraîne le spectateur vers une autre interrogation : Qui fait au final le plus de mal à Leia ? Son ravisseur ou bien sa mère ?


La réelle force de ce film est que ce genre de situation pourrait arriver à n’importe qui à n’importe quel moment. Il n’est pas rare de nos jours de voir défiler des alertes de petits enfants enlevés à leurs parents. Beaucoup de personnes vont suivre l’histoire qui laisse toujours planer un affreux mystère et "Stockholm, Pennsylvania'' ne fait pas que se concentrer sur l’horreur que les parents ont vécu, mais sur « l’après » quand les choses pourraient redevenir « normales » aux yeux de tous alors que le mot ne semble pas forcément approprié. C’est justement ce retour à la réalité que personne ne connaît, ce calme après la tempête qui peut s’avérer pire et destructeur pour une famille réunie. Leia est très intriguée par son identité et lorsqu’elle revoit son ravisseur en prison lors d’une visite qu’elle garde secrète, tout un tas de questions surgissent. Pourquoi as-tu changé mon prénom ? Mon anniversaire ? Pourquoi n’arrive-je donc pas à m’adapter ? Pourquoi ne sais-je rien faire ? Pourquoi suis-je perdue ? Lorsque l’on entend les réponses de Ben, on éprouverait presque de la pitié. « Je ne connaissais pas ces choses sur toi, donc je ne pensais pas changer quoi que ce soit, je te donnais des choses. Tu ne peux pas changer ce que tu ne sais pas. »


"Stockholm, Pennsylvania" est un film dramatique perturbant, car tout est inversé, du début jusqu’à la fin. La réalité que l’on pense connaître ne l’est pas réellement comme on l’imagine, mais tout autrement. Leia ne peut pas décider ce qui est le pire dans ce qui lui est arrivé. Être avec Ben pendant toute sa vie, ou être sans lui pour le reste de son existence. Ce n’est pas sans compter le petit twist de la fin auquel on ne s’attend pas. La folie de Marcy a fait de Leia un tout autre être de ce qu’elle aurait pu au final devenir. Qui est bon ? Qui est mauvais ? Pourquoi ressent-elle ce genre d’émotions à la place d’autres ? Le spectateur s’interroge constamment sur les intentions et les raisons qui ont poussé chaque personnage à commettre ce qu’ils ont réalisé dans leur vie. "Stockholm, Pennsylvania" ne se concentre pas seulement sur une réalité, mais une multitude de réalités que l’on aurait pas imaginé avant de regarder le film.




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